Spurs 99 : La revanche de Robinson et la naissance d’une étoile

Quelques mois plus tard, revenons sur le parcours des Spurs la saison dernière et tentons d’élucider le secret de la domination insolente de la franchise texane en Playoffs.

Si il est facile de répondre à la question : « Pourquoi San-Antonio a été champion NBA 99 ?» : Parce qu’ils étaient tout simplement les plus forts. Il n’en est pas autant, mais il serait judicieusement plus intéressant de se demander « Comment se fait-il qu’ils l’étaient ? » et à cela il est plus difficile de répondre en quelques mots.

Après un départ catastrophique de 6 victoires pour 8 défaites, on dressait alors un premier bilan alarmant de cette équipe, attaque désorganisée, manque de cohésion et des nouveaux arrivants : Steve Kerr, Mario Elie et Jerome Kersey pas encore bien intégré à l’équipe. Le coach des Spurs fait rapidement quelques ajustements et peu à peu la mayonnaise Poppovich prend tournure. Jaren Jackson retourne sur le banc au profit de l’ex-Rocket Elie un joueur qui s’avèrera mieux gérer la pression d’une place dans le cinq majeur que l’ancien de Jet Lyon. Kerr glisse de la position de meneur, mal adapté à son style de jeu à celle de deuxième arrière et Antonio Daniels stoppe la distribution de boissons et de serviettes « on the bench » pour chausser le poste de point-guard remplaçant derrière Avery Johnson. Enfin, on retrouve un Sean Elliott qui apparaît avoir récupérer toutes ses facultés physiques. Mais, la véritable mini-révolution dans cette équipe par rapport à la saison précédente, c’est la passation de pouvoir entre David Robinson et Tim Duncan qui est désormais complète. L’amiral a fait ce que peu de stars ont compris et encore moins eu le courage et l’intelligence d’accomplir : il a cédé sa place de « go-to-guy » à un jeune de 23ans qui effectue seulement sa deuxième année en NBA, pour le bien et le rendement de toute l’équipe. Robinson se concentre désormais plus sur la défense et Duncan laisse éclater tout son talent, meilleur joueur actuel de la NBA, du moins à son poste, c’est un futur Hall of Famer dont l’avenir est déjà tout tracé dans la ligue de basket la plus relevé du monde. L’ex-pivot reconvertit en ailier de Wake Forest est pourtant un joueur à part, pas très expansif, il ne fait pas débalage de ses émotions sur le terrain, son jeu parle pour lui. Et c’est cette All-star en puissance qui est devenu la pièce maitresse des Spurs, assis sur le trône que David occupait depuis son arrivé en NBA, il y a 10ans déjà. Dix ans et toujours pas de titres pour l’ancien de la Navy, un palmarès individuel impressionant certes, mais l’ultime consécration : le titre NBA n’en fait pas parti ? Seulement, avec l’explosion de « Big easy » encore et toujours plus fort et cette alchimie spéciale qui regroupent tous les joueurs de San-Antonio en un noyau collectif, David entrevoit enfin des espoirs de conquêtes car il le sait déjà, cette équipe des Spurs n’est pas comme toute celle qu’il a connu. Cependant, le sacrifice de Robinson nourrit une fois de plus la critique de ses plus fidèles détracteurs : « Robinson n’a plus d’autorité dans l’équipe, il ne peut plus gérer le rôle de franchise player avec Duncan présent », « Les Spurs sont à l’image de leur numéro 50 : une équipe soft ». Toujours est-il qu’a partir du mois de mars, les victoires se succèdent et San-antonio ne tarde pas à rattraper les Utah Jazz et les Portland Trailblazers bien ancrés en place de numéro un jusqu’ici. Et, c’est seulement grâce au tout dernier match de la saison régulière contre les Golden-state Warriors, dans un final à suspens (88-81), que les éperons arrachent presque miraculeusement le titre de leader de la ligue et par cela même, le titre de meilleure équipe de la conférence Ouest.

David Robinson aborde donc ses énièmes Playoffs toujours avec son étiquette de soft-looser collé sur le front. Mais cette fois, quelque chose a changé. L’attitude de l’amiral est différente de toute celle qu’il a put avoir auparavant en post-saison, il n’a plus peur de montrer ses émotions sur le terrain. Réaction d’orgueil aux propos de son coéquipiers Mario Elie qui le jugeait un peu trop doux à son goût, en début de saison ?

Face à Minnesota, ultime qualifié en Playoffs, les Spurs emportent facilement le 1er match (99-86) mais les jeunes loups montrent les crocs et guidé par un Kevin Garnett resplendissant, Minnesota remporte la seconde manche en terrain ennemi (80-71). Cette victoire sonne l’alarme pour les Spurs et agissant tel un déclic au sein de l’équipe, ils font par la suite mentir la bande du kid qui allait « choquer le monde » selon leurs propres propos, en les envoyant en vacances prématurément avec des Game 3 (85-71) et 4 (92-85) vite expédiés.

La demi-finale de Conférence sera une toute autre paire de manches. Shaq et les siens n’ont eu aucune pitié pour les vieux Rockets et son vaillant trio de All-star, et veulent ne faire qu’une bouchée des autres texans dans la foulée. Boum ! 4-0 (G1 : 87-81, G2 : 79-76, G3: 103-91, G4: 118-107). Duncan balaye à lui tout seul les Lakers, Kobe Bryant, Glen Rice expédiés vite fait bien fait au soleil. Avec ce nouveau sweep ajouté au palmarès d’O’Neal, Shaquille hérite d’un nouveau surnom : « The floor ».

C’est sur d’eux que les Spurs attendent le dénouement de la série qui oppose les Jazz et les Blazers. Le jeu collectif et la jeunesse de Portland vient à bout de Utah, l’ancien finaliste, qui avait déjà montré des signes de fatigue, dès le 1er tour contre les Sacramento Kings de Webber et Divac. Les Blazers remontés à bloc affronteront donc les Spurs dans une finale de conférence qui promet d’être des plus épiques. Boum ! 4-0. Un résultat quasi-inexplicable face à une équipe du calibre de Portland. Sans doute le tir chanceux à 3pts d’Elliott lors de la seconde manche, à 9s de la fin, qui a permis à San-Antonio de remporter la victoire après s’être fait mener de 18pts en 1ère mi-temps y est psychologiquement pour quelque chose. Sean touché par la grâce ? Les dieux du basket sont-ils avec les Texans ? Peut-être leur destin est-il déjà tout tracé ? Pourtant ceux qui paraissent le plus bénit sont bien les New-Yorkais qui ont surpris tout le monde, classé huitième et dernier de la poule Est, ils se sont qualifié en finale au dépend de Miami, Atlanta et Indiana. Seulement, dans la bataille, les Knicks ont perdu leur plus fidèle guerrier, le vieux Pat Ewing qui va cruellement maqué dans la raquette que les Twin Towers vont se faire une joie de dominer. Duncan survole les Finals et les Spurs viennent à bout facilement des New-Yorkais et de son duo d’arrières explosif composé d’Allan Houston et de Latrell Sprewell le repentit, 4 victoires à une. Les Knicks offrirent tout de même une bonne réplique lors de la cinquième manche décisive au Madison où la décision s’est faite à un ultime tir raté de Sprewell au buzzer. Bien maigre consolation pour les fans de la « grande pomme » qui ont vu leur équipe se faire littéralement baladé. Et a cela deux explications : Soit les joueurs de San-Antonio ont plus prié M. Basketball God (Non, non pas celui auquel vous pensez) que ceux du Big Apple, soit ils avaient un avantage indéniable de taille avec lequel les Knicks n’ont pu rivaliser sans Ewing et avec le piteux Dudley placé en tour de contrôle. A vous de choisir, quoi qu’il en soit, les Spurs remportent leur 1er titre NBA et le 1er de l’ère post-Bulls. Robinson jubile, il a enfin prit sa revanche sur ceux qui l’ont critiqué tout au long de sa carrière, classé dans la catégorie des personnes qui ne gagneront jamais. Mais plus important, San-antonio et le monde entier ont assisté à la naissance d’une étoile : Celle de Tim Duncan superstar, qui remporte logiquement le titre de MVP des Finals.

Seulement, maintenant, même avec un titre en poche, le futur de la franchise est plutôt incertain, Duncan sera free-agent la saison prochaine et il a clairement dit que sans nouvelle salle de basket pour les Spurs, il quitterait sans regret les Texans. On sait d’ailleurs déjà que Jerry Krause l’executive des Bulls est prêt à accuellir Tim les bras ouverts rêvant d’une équipe de Chicago avec un frontcourt composé de Grant Hill, Elton Brand et Duncan en pivot qui pourrait conduire les Bulls à une autre série de titres, tout cela reste, bien sûr du domaine de la supposition. Et de tout manière même dans l’hypothèse où « Big Easy » re-signerait, il risque de retrouver une équipe des Spurs totalement différente de la précédente avec 8 autres joueurs et pas des plus jeunes qui seront également librs à cette même époque. Alors les Spurs, champion d’un jour ?  


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