CLUTCH CITY


     Il n'y a désormais plus aucun doute, les Chicago Bulls sont définitivement l'équipe NBA des années 90. 6 titres NBA en huit ans. Le titre suprême ne leur a échappé que deux années consécutives. Une seule équipe s'est chargée de ramasser les deux bagues que Mike a bien voulu leur laisser : les Houston Rockets. C'est sur cette équipe que se penche Zoom ce mois-ci en retraçant son histoire, de la conquête des deux titres à aujourd'hui.

I- DREAM TEAM I:

Le premier de ces deux titres est remporté en 1994 face aux New York Knicks de Patrick Ewing et John Starks, dans ce qui est toujours considéré comme la finale la plus laide jamais disputée ; elle reste pourtant pour tout fan NBA une des plus mémorable. Les chiffres ? Pas une de ces deux équipes, durant des finales qui se sont pourtant déroulées en 7 matches n'a dépassé le cap des 100 points et aucune des ces 7 rencontres ne s'est décidée à plus de 9 points d'écart ! C'est d'ailleurs après ces finales que la NBA décida de rapprocher la ligne à trois points de 7.23m à 6.70 à cause de l'arrosage incessant durant ces finales. Pourtant, une éclaircie surgit de ces ténèbres : le génie d'Hakeem Olajuwon, meilleur défenseur et MVP de la saison régulière, et MVP de ces mêmes finales. "Dream" nous a sorti des moves offensifs durant ces finales qu'on reverra encore pendant les années à venir. C'est lui qui a renvoyé le shoot décisif de John Starks à la fin du game 6 en s'extirpant d'un autre écran rugueux New Yorkais, alors que Starks était " in the zone " avec 27 points au compteur dont 16 des 22 points de son équipe dans le 4e quart-temps, et quand on connaît un temps soit peu le bonhomme on sait que son shoot aurait touché le filet. "C'est une victoire très écœurante pour nous, on avait une opportunité, mais ils ont gagné. Maintenant, tout reste à faire pour le 7e match." Déclarera Pat Riley après le match. Mais c'est ce même Starks qui assure la victoire finale des texans, en passant la soirée à s'enfoncer pour obtenir un honteux 2/19 lors de ce Game 7 dont 0/11 à trois points. Houston l'emporte 90-84 chez les New Yorkais. Les stats du Dream sur ce match décisif : 25 points, 10 rebonds, 7 passes décisives, 3 contres. Il dira après cette victoire : " Je suis si heureux d'apporter un titre à cette ville, si on en écrivait un livre, on ne pourrait l'écrire mieux que ça. "Saison 94-95. Après une 1ère moitié de saison décevante de la part d'un champion en titre, Houston obtient Clyde Drexler, deuxième meilleur arrière de l'histoire de la NBA que l'on dit alors sur le déclin, contre Otis Thorpe, solide rebondeur et scorer mais qui demeure néanmoins un joueur de devoir.Les fans texans ne comprennent alors pas que ce deal est une véritable affaire en leur faveur et accueillent the glide avec une injuste froideur. Et le numéro 22 va s'employer à faire basculer l'opinion publique en sa faveur.En effet, auprès de Dream son ami de toujours, the glide va retrouver son goût pour le jeu, la motivation qu'il avait perdue à Portland, ainsi que sa faculté à planer par-dessus des défenses impuissantes. Place aux Playoffs. L'histoire est alors en marche.

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Hakeem enfonce les Knicks

     Au premier tour, Houston dispose des Utah Jazz trop timorés, qui ne présentaient pas encore de véritables problèmes à l'époque. Au terme d'une série acharnée, Mario Elie, l'ailier des Rockets invente le baiser de la mort, et crucifie les Phoenix Suns d'un tir à trois points à quelques secondes du Game 7. Au suivant. Cette fois, les Rockets qui ont achevé la saison régulière seulement à la 11e place au classement général, et à la 6e place à l'Ouest s'attaquent aux San Antonio Spurs de David Robinson, MVP 95, qui est tout simplement la meilleure équipe NBA cette année. The Dream entre en action... L'amiral Robinson, bon perdant, déclarera au terme de ces séries : " Ca fait maintenant 7 ans que je défends sur lui, et j'ai toujours cru que je le pouvais. Mais là, je l'ai vu faire des choses que je ne l'avais jamais vu faire auparavant. Et il ne ratait pas un seul shoot. Je veux dire qu'il a été tout simplement phénoménal." Il parle bien évidemment de Hakeem Olajuwon qui s'est alors momentanément installé à la place de meilleur basketteur au monde. Passons sur la domination totale d'Hakeem Olajuwon sur l'amiral pour dire que les Rockets remportent la série 4-2 face à des Spurs impuissants. Dream ne fut pas le seul à dominer, Drexler affichant également une moyenne de près de trente points par match fac à Sean Elliot sur l'ensemble de ces séries. Ils y gagnèrent une place en finale et le respect de toute la ligue.

     Les Orlando Magic de Shaquille O'Neal, Anfernee "Penny" Hardaway et Horace Grant se dressent comme dernier rempart devant le titre. Les Magics, alors deuxième équipe NBA, trop jeunes et trop faibles mentalement perdent le premier match sur leur parquet de l'Orlando Arena de deux points après prolongation sur une claquette au buzzer du magnanime Dream. Ils perdent le match, et perdent au même moment les finales. Ils ne jouent plus se font archi dominer dans tous les secteurs de jeu, et les Rockets les "sweepent" 4-0 pour remporter leur deuxième titre consécutif, "tout-schuss". Hakeem Olajuwon, avec une moyenne de 33 points sur ces finales, remporte son deuxième titre back-to-back de MVP des finales. C'est le moment que choisira le coach Rudy Tomjanovich pour lâcher cette phrase : "Il ne faut jamais sous-estimer le cœur d'un champion." Houston est alors surnommée "Clutch-City " : la ville qui ne perd pas.

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Houston version 95

     C'est le succès d'une équipe qui restera vraisemblablement longtemps dans les mémoires. Les deux All-stars Drexler et Olajuwon sont en effet secondés par des joueurs remarquables par leur talent. Robert Horry, ses bras interminables qui lui permettent d'intercepter et de contrer à tour de bras, son shoot à trois points, sa présence au rebond et en attaque, et le showtime par ses dunks fracassants. Sam Cassell, choix de draft 93 des Rockets, qui remporte deux titres pour ses deux premières années en NBA, son culot en attaque où il n'hésite pas à attaquer les tours de contrôle des défenses adverses pour au choix deux points où un caviar pour le joueur qu'il aura démarqué en attaquant le panier ; son shoot à trois points qui a rendu de fiers services à Houston durant les finales 94 où sa présence fut incroyable pour un rookie. Mario Elie, ailier ultra-petit ( 1.92m ) mais ultra rapide, spectaculaire par sa détente explosive, et un tueur à trois points. Kenny Smith, le "sage" de l'équipe, également excellent shooteur à trois points ; meneur qui pouvait finir les contre-attaques par des dunks fracassants malgré son mètre quatre-vingt six a même participé au slam- dunk contest. Ainsi que la paire de très grands mais toujours adroits à trois points : Matt Bullard et Pete Chilcutt. Une équipe très offensive aussi à l'intérieur que derrière la ligne à trois points.

   Saison 95-96. La faillite d'un système. Les Rockets tombent aussi lourdement qu'ils ont gagné l'année précédente, "sweepés" 4-0 par les Sonics en demi-finales de conférence Ouest. Leur style de jeu trop typé est grillé par la défense de fer des Sonics et de Gary Payton plus particulièrement. Jusque là, la philosophie offensive avait toujours été : " On donne la balle à Hakeem à l'intérieur, et s'il y a une prise à deux sur lui, il ressort à trois points. " La phénoménale batterie de bombardiers à trois points qui avait puni les équipes adverses les deux années passées s'éssouffle. " Le tir à trois points est une philosophie ici à Houston." disait coach Rudy T. Plutôt, oui. Durant l'ensemble des saisons de 94 à 96, un tir sur trois des texans était pris derrière la ligne à 6.75m. Seulement, ce style, les Sonics l'ont brillamment retourné contre des Rockets sonnés et impuissants. Le temps des bouleversements est venu.

II- DREAM TEAM

Et du bouleversement, il y en a eu. Sir Charles Barkley, MVP 93, quitte des Suns à la ramasse pour rejoindre les Rockets contre Sam Cassell, Robert Horry et Chucky Brown. Ils réunissent alors une véritable "Dream-team" avec Barkley, Drexler et Olajuwon, tous les trois élus parmi les 50 meilleurs joueurs de tous les temps cette année. "Chuck", visiblement motivé déclare : " Je vais chez les Rockets parce qu'ils ont vraiment envie de moi. [...] Depuis un an et demi, ils essaient de ramener ma carcasse au Texas. Ca m’émeut qu'on puisse encore me désirer à ce point.. Ca me donne envie de me battre pour eux. " Les mauvaises langues prétendent que Sir Charles ne mérite pas une aussi lourde contrepartie. Peuh! Les Rockets répondent en prenant un départ fracassant : 11-0. Les Suns me demandez-vous? 0-13, hum, hum ... Seulement, Sir Charles a 33 ans , Dream également et Glide 34ans. Lorsqu'ils se retrouvent tous les trois sur le terrain, ils gagnent quasiment tout le temps, mais séparés, ils perdent le plus souvent. Et les blessures dues à leur âge les séparent trop souvent Ils chutent en finale de conférence 4-2 face aux Utah Jazz de Karl Malone et John Stockton au terme d'une série beaucoup plus serrée que le score pourrait laisser l'entendre.

barkley.jpg (20408 octets)     Après avoir laissé fondre une avance de 12 points dans le 4e quart-temps, ils perdent le Game 6 d'un point sur un tir à trois points de John Stockton au buzzer. Tir qui aurait pourtant du être refusé pour un écran illégal de Karl Malone sur Mario Elie, qui était chargé de défendre sur John Stockton. Malone était purement et simplement en train de ceinturer Mario en le retenant dans ses bras à la manière d'un catcheur, Elie essayant vainement de se débattre. Deux semaines après sa faute non-sifflée sur Nick Van Exel des Los-Angeles Lakers sur son shoot décisif à trois points à quelques secondes du buzzer, la chances sourit à nouveau aux mormons dans le "money-time", grâce à la mansuétude des arbitres. Mais on ne va pas réécrire l'histoire. De toute façon, les Jazz se sont fait rétamer par les Bulls en finale, bien fait pour eux

     Saison 97-98. " Si on est une équipe qui a perdu et qui veut gagner, il faut améliorer l'effectif. Or, on a rien changé. On ne gagnera pas cette année. " Sir Charles a parlé. Pourtant, malgré une saison désastreuse, à cause d'une avalanche de blessures, qui verra les Rockets échouer à la 8e place à l'Ouest, les texans sont à deux doigts de réaliser l'exploit : sortir l'équipe numéro un NBA cette saison, les Utah Jazz, au premier tour des Playoffs. Une nouvelle fois, la malchance en décidera autrement. Barkley se blesse gravement au triceps durant le 3e quart-temps du 5e match décisif, les Rockets menant alors de 13 points. Mais ils échouent à nouveau sur ce rempart devenu infranchissable que sont les Utah Jazz.

     Une nouvelle page de l'histoire de la franchise s'apprête à être tournée. Clyde Drexler se retire des parquets pour coacher son ancienne équipe universitaire, les cougars de Houston Universty, dans une indifférence écœurante lorsque l'on considère les qualités de l'homme et du basketteur. Rudy T. annonce la couleur pour cette intersaison prolongée 98 : " Comptez sur nous pour être présents sur le marché des transferts et signer des free-agents de grande qualité. "

III- DREAM TEAM II

     La presse parlait continuellement des joueurs partant pour Houston: Damon Stoudamire, Antonio McDyess, de Rod Strickland, de Kevin Johnson. En fait, de quasiment tous les free-agents. C'est pourtant Scottie Pippen, que tout le monde voyait déjà à Phoenix qui rejoint le roster texan. " J'espère que les fans de Chicago comprennent ma décision. Je prends un nouveau départ avec les Rockets, mais les années que j'ai passées à Chicago resteront de merveilleux souvenirs. " Preuve de la volonté de Sir Charles de remporter le titre NBA qui manque à son palmarès, il a signé pour un an et un million de dollars ( des cacahuètes pour un joueur de cet acabit ) afin que l'équipe puisse signer Scottie Pippen tout en restant sous le Salary-cap. Le nouveau numéro 33 des Rockets avoue pour sa part : " C'est une grande motivation pour moi que d'amener Charles ( Barkley ) jusqu'à ce titre après lequel il court depuis si longtemps, parcequ'il le mérite tellement. " Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces deux dream- teamers sont sur la même longueur d'onde.

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Houston version 99

     Avec toujours le Dream, fidèle au poste, Houston présente à nouveau trois superstars sous le même maillot, qui avaient déjà partagé le jersey de la Dream Team des jeux olympiques d'Atlanta 96. A cela s'ajoutent des rookies issus d'un nouveau recrutement phénoménal : Michael Dickerson D'Arizona, et Cuttino Mobley de Rhode Island. Dickerson, si il n'a pas toujours l'air très sûr de lui sur le terrain affiche des initiatives offensives intéressantes. Et Mobley, drafté à la 41e place, actuellement une des grandes surprises de cette draft 98. Il inscrit le panier à trois points de la victoire contre Golden State avec 11 de ses 13 points dans le dernier quart temps, et a désormais piqué sa place de titulaire à Matt Maloney. Plus rapide que Maloney, qui posait un problème face aux meneurs plus rapides ( Marbury s'était amusé face à lui cette saison : 40 points, dix passes ), Mobley est aussi adroit que lui à trois points, 42.9% ( 16e NBA ), même si au global, ça coince: 38.9% Toujours parmi les jeunes, Othella Harrington, premier tour 96 de draft de Houston, est la véritable révélation de ce début de saison. Leader NBA au pourcentage d'adresse ( 58.4% ) , tournant à 17 points et 9 rebonds pendant les 3 semaines d'absence de Charles Barkley ( 14 points, 7.5 rebonds en 26 minutes en global ). "Tout le monde semble surpris des ses performances, mais je vous garantis que personne ne l'est dans cette équipe. Jour après jour, il donne tout à l'entraînement. " affirme coach Tomjanovich. Il pourra donc se muer en 6e homme de luxe dès que Sir Charles aura retrouvé le chemin des parquets. Quant aux trois stars, elles assurent leur part de travail. Avant sa blessure, Barkley était meilleur rebondeur NBA avec 17 prises tout en assurant 19.2 points par match à 50% et 4 passes ( ! ). Dream n'est plus au top du top, mais affiche des stats qui feraient pâlir d'envie plus d'un pivot NBA: 16 points à 52%, 10.5 rebonds, et 2.2 contres. Et Scottie Pippen fait bénéficier l'équipe de son jeu toujours aussi complet, malgré un recul manifeste aux points: 16.7 points à 42%, 7.9 rebonds, 5.2 passes, 2.4 interceptions.

olajuwon_h_home102.gif (9715 octets)     Avec un effectif si profond et un coach de la trempe de Rudy Tomjanovich, Houston a toutes les clés en main pour redevenir Clutch-City. Seulement, la Conférence Ouest n'a jamais paru aussi forte. Entre L.A, qui s'est depuis attiré les services de Dennis Rodman, Seattle, Utah, et Portland, actuellement meilleure équipe NBA, les Rockets auront du boulot. C'est à eux de confirmer. Si Chuck et Dream retrouvent leurs vingt ans, et que la malchance et les blessures ne s'en mêlent pas, comme ce fut le cas par le passé, sky is the limit. Mais, pour l'instant:

GO ROCKETS !!!!!!


Par Antoine Dessertenne le 11/03/99



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